p304 - R?cidive d'une gale ? partir d'un foyer non trait? du cuir chevelu
Y?Scrivener?(1), A?Lieber Mbomeyo?(1), E?Heid?(1), B?Cribier?(1)
(1)Service de Dermatologie, H?pital Civil, Strasbourg.
Mots cl?s : Gale.
Introduction
Les r?cidives multiples d'une gale pourtant efficacement trait?e sont une situation fr?quente. Parmi les causes de r?cidive il y a la recontamination ? partir d'une zone corporelle o? le traitement n'a pas ?t? appliqu?. Nous d?crivons l'observation d'une malade qui a eu une r?cidive de gale, ? partir d'un foyer non trait? du cuir chevelu. Cette r?gion corporelle, habituellement ?pargn?e par la gale, ne figure en effet pas parmi les zones o? il est habituellement recommand? d'appliquer un traitement antiscabieux.
Observation
Une religieuse, ?g?e de 73 ans, a ?t? hospitalis?e en octobre 2000 pour prise en charge d'un prurit diffus qui avait d?but? au Cameroun plusieurs mois auparavant et avait touch? plusieurs membres de la communaut?. De retour en France, un diagnostic de gale ?tait pos? et un traitement par Ascabiol? (2 applications du cou aux orteils, r?p?t?es ? 24 heures d'intervalle) ?tait r?alis? en ao?t 2000. Le prurit s'am?liorait peu de temps apr?s ce traitement, mais r?cidivait dans la r?gion du cuir chevelu, dans les semaines qui suivaient. En raison de la pr?sence d'un ?tat pelliculaire, un traitement par k?toconazole en solution moussante ?tait prescrit, sans efficacit?. Le prurit se g?n?ralisait progressivement ? l'ensemble de la surface cutan?e, ce qui motivait l'hospitalisation en dermatologie en octobre 2000. On voyait des l?sions papuleuses ?ryth?mateuses diffuses. Le cuir chevelu ?tait le si?ge d'un ?tat pityriasique diffus et de nodules dermiques mobiles. Aucun sillon, ni v?sicule n'?tait visible. Compte tenu du traitement antiscabieux ant?rieur nous ?voquions les diagnostics d'onchocercose, de migration tissulaire d'une filaire ou de pemphigo?de ? un stade pr?-bulleux, d'autant qu'une premi?re biopsie montrait la pr?sence d'?osinophiles dermiques. Les examens biologiques permettaient de mettre en ?vidence une ?osinophilie mod?r?e ? 590/mm3. Les s?rologies parasitaires effectu?es ?taient n?gatives. La biopsie d'une l?sion cutan?e de la r?gion occipitale a permis de visualiser un sillon contenant un sarcopte adulte. Le diagnostic d'une r?cidive de gale ayant ?t? pos?, nous avons administr? une dose unique d'ivermectine ? 200 mg/kg suivie d'une UVB th?rapie ? vis?e symptomatique sur le prurit post scabieux permettant une am?lioration rapide des sympt?mes.
Discussion
La gale ?pargne en g?n?ral le cuir chevelu et le visage chez l'adulte immunocomp?tent. Ainsi, l'analyse cons?cutive de 886 malades souffrant de gale n'objectivait aucun cas d'atteinte de l'une de ces r?gions corporelles [1]. L'explication de cette «?protection?» relative du cuir chevelu par la gale a ?t? attribu?e ? la forte densit? en follicules pileux qui emp?cherait le sarcopte de creuser des sillons suffisamment longs pour survivre [2]. L'atteinte du cuir chevelu est en revanche plus fr?quente chez l'enfant et chez l'immunod?prim?. L'aspect clinique d'un ?tat pityriasique initialement isol? observ? chez notre malade est trompeur. Il s'apparente ? une dermite s?borrh?ique, ce qui fait parfois entreprendre, ? tort, l'application de cortico?des locaux [3]. Alinovi et coll., sugg?rent d'inclure syst?matiquement le cuir chevelu dans les zones ? traiter, afin d'?viter certaines r?cidives [4]. La raret? de cette localisation ne rend probablement pas indispensable le traitement syst?matique du cuir. Celui-ci doit y ?tre appliqu? en cas d'?tat pelliculaire, de prurit ou de r?cidive inexpliqu?e. La g?n?ralisation du traitement oral par ivermectine ?vitera les r?cidives ? partir d'une zone corporelle «?oubli?e?».
[1] Orkin M. Today's scabies. An editorial. Arch Dermatol 1975?; 111?: 1431.
[2] Madsen A. Why scabiei avoids the face. Acta Derm Venereol 1965?; 45?: 167-8.
[3] Elmros T, H?rnqvist R. Infestation of scabies in the scalp area. Acta Dermatol Venereol 1980?; 61?: 360-1.
[4] Alinovi A, Pretto ME. Scabietic infestation of the scalp?: a clue for puzzling relapses. J Am Acad Dermatol 1994?; 31?: 492-3.

