p252 - Scl?rodermie syst?mique induite par la bl?omycine
P?Carvalho?(1), AB?Modeste-Duval?(2), X?Balguerie?(1), S?Dominique?(3), P?Joly?(1)
(1)Clinique Dermatologique, H?pital Charles Nicolle, CHU, Rouen
(2)Service de Pharmacologie, H?pital Charles Nicolle, CHU, Rouen
(3)Service de Pneumologie, H?pital Charles Nicolle, CHU, Rouen.
Mots cl?s : Scl?rodermie (bl?omycine). Bl?omycine.
Intoduction
La bl?omycine est un antin?oplasique actif dans de nombreuses tumeurs solides, souvent utilis?e en association au cours des lymphomes. Sa toxicit? pulmonaire induisant des fibroses est bien connue. Plusieurs cas de scl?roses et d'hyperpigmentation ont ?t? d?crits depuis 30 ans. Nous rapportons l'observation d'une patiente ayant d?velopp? un tableau de Scl?rodermie Syst?mique (SS) au d?cours d'une polychimioth?rapie comportant de la bl?omycine.
Cas clinique
Une femme de 46 ans est adress?e en consultation pour le bilan d'un prurit ?voluant depuis 18 mois. Ses ant?c?dents sont marqu?s par un syndrome de Raynaud depuis 15 ans et par la survenue d'un lymphome de Burkitt trait? par 3 cures de polychimioth?rapie comportant Bl?omycine, Adriamycine, Vindesine et Endoxan entre novembre 1999 et janvier 2000. La patiente est mise en r?mission compl?te. En septembre 2000 appara?t un prurit diffus r?sistant ? des applications de dermocortico?des, la biopsie cutan?e s'?tant av?r?e peu contributive. En juin 2002 l'examen cutan? retrouve des zones scl?reuses et pigment?es associ?es ? d'autres zones d?pigment?es en confettis ? la racine des cuisses. Les doigts sont boudin?s et on note des t?langiectasies en motte des 2 mains. La patiente se plaint d'une dyspn?e d'effort, sans symptomatologie oesophagienne. Le bilan biologique montre une VS ? 32 mm, des facteurs antinucl?aires positifs avec anticorps anticentrom?re. Les EFR r?v?lent un trouble du transfert alv?olo-capillaire du CO?; le scanner thoracique ne montre pas de syndrome interstitiel. La capillaroscopie montre la pr?sence d'un m?gacapillaire unique. L'?chographie cardiaque retrouve une ?l?vation des pressions art?rielles pulmonaires avec une fuite tricuspidienne mod?r?e. Une disparition compl?te du prurit et de la scl?rose cutan?e est obtenue apr?s 24 s?ances de phototh?rapie TL01.
Discussion
L'apparition de syndromes scl?rodermiformes apr?s exposition ? diff?rents agents est connue en particulier avec certains antin?oplasiques tels que la bl?omycine, l'Uracil-T?gatur et le Taxol. L'accumulation s?lective de la bl?omycine au niveau de la peau et des poumons, organes d?ficitaires en bl?omycine-hydrolase, explique sa toxicit?. Des modifications cutan?es ? type d'hyperpigmentation (?ryth?me flagell?), de n?crose digitale et de scl?rose ont ?t? d?crites avec des doses cumulatives sup?rieures ? 90 mg [1]. Cinq cas de scl?rose cutan?e apr?s traitement par bl?omycine sont d?crits dans la litt?rature mais sans manifestation visc?rale et suivis d'une r?gression compl?te des l?sions quelques mois apr?s l'arr?t du traitement [2, 3]. Une ?tude contr?l?e r?alis?e sur des rats a montr? que des injections de bl?omycine font appara?tre en premier lieu une hyperpigmentation r?gressant apr?s la r?duction des doses, tandis que dans un second temps l'apparition d'une scl?rose et d'une dyspn?e persistent malgr? la diminution des injections. L'analyse histologique montre une atrophie des glandes s?bac?es et une augmentation des fibres de collag?ne qui sont superposables d'apr?s les auteurs, aux modifications observ?es au cours des SS [4]. Certains facteurs environnementaux ont ?t? incrimin?s dans la survenue de SS ou de syndrome CREST, dont le mieux ?tabli est l'exposition ? la silice mais aussi certains m?dicaments tels que les anorexig?nes ou le tryptophane [5, 6]. En ce qui concerne notre patiente, l'imputabilit? intrins?que est douteuse (I1) pour la bl?omycine selon les crit?res de Begaud [7] mais d'une part ceux-ci sont mal adapt?s aux maladies auto-immunes induites par les m?dicaments qui surviennent apr?s des mois voire des ann?es d'exposition au m?dicament, d'autre part, les donn?es bibliographiques (imputabilit? extrins?que B3) privil?gient le r?le potentiel de cette mol?cule. Il est probable que cette mol?cule ait jou? un r?le authentique dans le d?clenchement de cette SS mais qu'il puisse s'y ajouter aussi un terrain g?n?tique de pr?disposition.
[1] Arch Dermatol 1973?; 107?: 553-5.
[2] J Rheumatol 1992?; 19?: 294-6.
[3] J Rheumatol 1980?; 7?: 651-9.
[4] Br J Dermatol 1983?; 108?: 679-86.
[5] Clin Dermatol 1998?; 46?: 353-66.
[6] Ann Dermatol Venereol 1991?; 118?: 948-53.
[7] Therapy 1985?; 40?: 111-8.

