p234 - Hallucinations au cours d'un traitement par hydroxychloroquine
V?Ferraro?(1), F?Mantoux?(1), K?Denis?(2), MA?Lay Macagno?(2), JP?Ortonne?(1), JP?Lacour?(1)
(1)Service de Dermatologie, H?pital Archet 2, Nice
(2)Service de Psychiatrie Adulte, CHS Ste Marie, Nice.
Mots cl?s : Hydroxychloroquine (hallucinations).
Introduction
Nous rapportons un effet ind?sirable neuro-psychiatrique exceptionnel de l'hydroxychloroquine (Plaquenil?) ? type d'hallucinations c?nesth?siques chez une malade trait?e pour lichen plan ?rosif plantaire.
Observation
Une femme de 75 ans avait un lichen plan ?rosif plantaire douloureux et ?tendu avec atteinte buccale leucoplasique. Son seul ant?c?dent ?tait une HTA trait?e par nitrendipine depuis plusieurs ann?es. Un traitement par hydroxychloroquine per os ? la dose de 400 mg/jour et dermocortico?des ?tait d?but?. Dix jours plus tard, elle avait un bref ?pisode de d?sorientation temporo-spatiale, suivi d'une sensation de d?personnalisation associ?e ? d'importantes hallucinations c?nesth?siques (sensations corporelles). Il n'y avait pas d'alt?ration de la vigilance, de confusion, ni d'organisation d?lirante, et les hallucinations ?taient per?ues comme parfaitement anormales par la patiente. Elle arr?tait d'elle-m?me 7 jours plus tard l'hydroxychloroquine auquel elle attribuait ses troubles. Elle avait en effet fait le rapprochement avec un ?pisode semblable survenu plusieurs ann?es auparavant au cours d'un bref traitement avec la m?me mol?cule. Les manifestations s'estompaient alors progressivement en un mois. Aucune r?cidive n'?tait not?e apr?s deux ans et demi de suivi.
Discussion
Les antipalud?ens de synth?se (APS), chloroquine (Nivaquine?) et hydroxychloroquine, sont des traitements courants en dermatologie dont les effets secondaires sont bien connus. Ils peuvent exceptionnellement ?tre ? l'origine de manifestations psychiatriques graves, surtout rapport?es au cours du traitement du paludisme?: d?personnalisation, psychose maniaco-d?pressive sur un versant maniaque [1], d?pression s?v?re voire suicide, hallucinations visuelles et auditives, bouff?es d?lirantes [2]. Seul deux cas sont retrouv?s dans la litt?rature dermatologique?: survenue d'un ?tat psychotique aigu et d'une psychose maniaque apr?s traitement par hydroxychloroquine [3] et quinacrine [1], prescrits pour un lupus ?ryth?mateux chronique. L'analyse des cas de psychose aux APS montre certains points communs?: apparition en g?n?ral chez un patient sans ant?c?dent psychiatrique, dans un d?lai de quelques heures ? 40 jours apr?s le d?but du traitement, avec parfois prodromes ? type de difficult?s de concentration, anxi?t? ou cauchemars [2]. Ces troubles persistent en moyenne une semaine apr?s l'arr?t du traitement, avec des variations de quelques jours ? plusieurs semaines [1]. Le retour ? un ?tat mental normal est constant. Il est ? noter que la r?introduction des APS ne s'accompagne que rarement d'une r?apparition des sympt?mes. La survenue d'une psychose apr?s prise de chloroquine ou d'hydroxychloroquine est une r?action idiosyncrasique avec susceptibilit? individuelle, dont le m?canisme est inconnu. Il n'y a pas de relation entre la dose et la survenue de manifestations psychiatriques [1]. Notre observation est originale par sa pr?sentation clinique sous forme d'hallucinations c?nesth?siques isol?es sans organisation psychotique. Elle permet d'attirer l'attention du dermatologue prescripteur sur la possibilit? d'effets secondaires psychiatriques au cours des traitements par APS.
[1] Evans RL, Khalid S, Kinney JL. Antimalarial psychosis revisited. Arch Dermatol 1984?; 120?: 765-7.
[2] Rockwell DA. Psychiatric Complications with Chloroquine and Quinacrine. Am J Psychiatry 1968?; 124?: 1257-1260.
[3] Ward WQ, Walter-Ryan WG, Shehi GM. Toxic psychosis?: A complication of antimalarial therapy. J Am Acad Dermatol 1985?; 12?: 863-5.

