p225 - Allergie aux benzodiaz?pines?: int?r?t des intra-dermo-r?actions aux benzodiaz?pines injectables
D?Dupre-Goetghebeur?(1), C?Garcia-Legall?(1), L?Misery?(1)
(1)Service de Dermatologie, CHU Morvan, Brest.
Mots cl?s : Benzodiaz?pine (test ?picutan?s).
Introduction
Tout diagnostic de toxidermie doit conduire ? r?aliser une enqu?te ?tiologique parfois d?licate. L'identification de l'agent causal permet de minimiser le risque de r?introduction accidentelle potentiellement dangereuse. Nous rapportons ici un cas clinique de toxidermie urticarienne dont l'enqu?te a permis de retrouver le m?dicament d?clencheur, le t?trazepam (Myolastan?), et de v?rifier son implication gr?ce ? l'utilisation de la forme injectable d'une autre benzodiaz?pine, le diazepam (Tranx?ne?). Il n'?tait en effet pas possible de faire une intradermo-r?action (IDR) puisqu'il n'existe pas de forme injectable du t?traz?pam. La r?alisation de suspension ? partir des formes orales pose des probl?mes de solubilit?, de st?rilit?, et de quantification pr?cise de la dose de mol?cule active r?ellement inject?es. Dans le cas des r?actions d'hypersensibilit? imm?diates aux benzodiaz?pines, le m?tabolite commun, le dim?thyldiazepam, poss?de une r?activit? antig?nique et sugg?re une r?action crois?e ? toutes les benzodiaz?pines.
Observation
Mme M., ?g?e de 57 ans, ?tait hospitalis?e en clinique de r??ducation fonctionnelle dans les suites d'une sciatique. Elle avait pour traitement continu du raloxif?ne et de la L-thyroxine. Elle prenait occasionnellement du thiocolchicoside et de l'hydroxyzine. Elle n'avait aucun ant?c?dent d'urticaire chronique, mais rapportait un ?pisode d'angioed?me en 1968, dont la cause ?tait inconnue. A son arriv?e dans l'?tablissement, un traitement par t?traz?pam ?tait d?but? afin de faciliter la kin?sith?rapie. Par ailleurs, de la zopiclone ?tait prescrite en traitement de troubles du sommeil et elle recevait du tramadol en raison de douleurs importantes pendant 5 jours, au terme desquels elle a eu des naus?es, trait?es par une dose unique de domp?ridone et par l'arr?t du tramadol. Onze jours apr?s l'entr?e sont apparues 3 l?sions urticariennes du cou. Aucun traitement n'a ?t? prescrit ni aucun m?dicament suspendu lors de cette ?ruption. 3 jours apr?s, l'?ruption s'est aggrav?e, avec une sensation de prurit, et des l?sions fugaces ?ryth?mato-papuleuses des plis inguinaux, de l'abdomen, des mains. Un traitement par cortico?de injectable a alors ?t? d?but? sans modification du traitement en cours, et sans succ?s?! Face ? l'apparition d'une g?ne pharyng?e, tous les traitements ont ?t? interrompus et un cortico?de retard (triamcinolone) et des anti-histaminiques (fexof?nadine et hydroxyzine) ont ?t? prescrits. L'ensemble du tableau a r?gress? en 48 heures. 2 mois plus tard la patiente a ?t? hospitalis?e pour r?alisation de tests ?picutan?s aux diff?rents m?dicaments re?us, car tous les prick tests r?alis?s ?taient n?gatifs. L'IDR au diaz?pam ? 1/1?000 ?tait douteuse, mais l'apparition de l?sions urticariennes des ?paules et de la main a fait interrompre les tests. Seule cette IDR a ?t? refaite 1 mois plus tard afin de confirmer la responsabilit? du t?traz?pam, dont l'imputabilit? ?tait forte. De nouvelles l?sions urticariennes ont de nouveau ?t? constat?es, associ?es ? un prurit, et reconnues par la patiente comme identiques ? celles de sa toxidermie. Le diagnostic de toxidermie urticarienne aux benzodiaz?pines a alors ?t? pos? et l'ensemble des m?dicaments de cette classe, et apparent?s, ont ?t? formellement contre-indiqu?s.
Commentaires
La positivit? des tests est dans notre cas peu discutable en raison de r?action syst?mique reproduisant la toxidermie reproduite lors des 2 tests. C'est l'utilisation de la forme injectable disponible de la classe du m?dicament suspect? qui a permis d'obtenir ce r?sultat, le prick test avec une suspension du m?dicament ?tant rest? n?gatif. Lors de l'enqu?te ?tiologique d'une toxidermie, les m?dicaments imputables doivent ?tre test?s en respectant les mol?cules originelles. Cependant la r?alisation des IDR n?cessite l'existence d'une forme injectable. Dans le cas des benzodiaz?pines la pr?sence d'un m?tabolite commun sugg?re la possibilit? d'utiliser une mol?cule de la m?me classe existant en injectable. Notre cas clinique illustre cette possibilit?.

