p178 - H?mi-hypertrophie partielle, avec signes neurologiques, rattach?e ? un mosaicisme g?n?tique fibroblastique contenant une translocation r?ciproque autosomique entre les chromosomes 1 et 2
X?Balguerie?(1), H?Moirot?(2), J?Andrieu?(3), D?Eurin?(4), J?Marie?(3), L?Couderc?(1), M?Monier?(3), A?Goldenberg?(2), P?Joly?(1)
(1)Clinique Dermatologique, H?pital Charles Nicolle, Rouen
(2)Service de G?n?tique, H?pital Charles Nicolle, Rouen
(3)Service d'ORL P?diatrique, H?pital Charles Nicolle, Rouen
(4)Service de Radio-P?diatrie, H?pital Charles Nicolle, Rouen.
Mots cl?s : Hemihypertrophie (mosaicisme).
Introduction
L'h?mihypertrophie corporelle est un syndrome pouvant s'int?grer dans plusieurs entit?s. Certaines sont de transmission autosomique dominante, comme la neurofibromatose de type 1, et le syndrome de Wiedemann-Beckwith, et d'autres sont de survenue sporadique, comme le syndrome de Prot?e. Nous rapportons l'observation d'un enfant pr?sentant une h?mihypertrophie partielle, associ?e ? des troubles neurologiques, chez qui les analyses g?n?tiques ont mis en ?vidence une translocation r?ciproque autosomique entre les chromosomes 1 et 2, not?e uniquement dans les cultures de fibroblastes dermiques.
Observation
L'enfant D.A. est n? en 1999 ? terme, d'une grossesse normale. A la naissance, il pr?sentait une tum?faction de la joue gauche, et de la r?gion dorso-lombaire homolat?rale. Ces l?sions ?taient fixes, indolores, recouvertes d'un t?gument apparemment normal. Le reste de l'examen clinique ?tait sans particularit?. Elle se sont progressivement marqu?es, avec apparition d'une asym?trie dentaire. Lorsque l'enfant a ?t? vu sur le plan dermatologique ? l'?ge d'un an, l'hypoth?se d'une hypertrophie localis?e des t?guments a ?t? avanc?e. Cette hypoth?se a ?t? confort?e par l'absence de tumeur individualisable ? l'?chographie. Une enqu?te g?n?tique a donc ?t? entreprise, ? la recherche d'un mosa?cisme. Il n'y avait aucun ant?c?dent familial particulier. Une prise de sang et deux biopsies cutan?es, l'une concernant la zone dorso-lombaire hypertrophi?e, et l'autre de fa?on sym?trique en zone apparemment saine, ont ?t? r?alis?es apr?s consentement ?clair? des parents. Les caryotypes r?alis?s ont mis en ?vidence les faits suivants?: dans le sang?: caryotype de sexe masculin, sans anomalie (ce r?sultat a ?t? v?rifi? sur un deuxi?me pr?l?vement)?; pr?sence dans les fibroblastes cutan?s de la zone hypertrophi?e d'une mosa?que associant une population cellulaire avec caryotype X, Y normal, et une population cellulaire avec caryotype masculin comportant une translocation r?ciproque autosomique apparaissant cytog?n?tiquement ?quilibr?e entre une partie du bras court du chromosome 1 et une partie d'un bras court du chromosome 2. (mos 46, XY, t(1?; 2)(p36.2?; p11.2)[16] 46, XY[27]). Les points de cassure n'int?ressaient pas des g?nes connus comme ?tant impliqu?s dans le d?veloppement. L'?volution a ?t? marqu?e par la survenue de deux crises convulsives g?n?ralis?es en dehors de toute hyperthermie. A l'?ge de 3 ans, cet enfant pr?sentait un d?veloppement staturo-pond?ral correct, avec une taille ? 1DS, un poids ? +1,5DS. Par contre le p?rim?tre cr?nien ?tait ? +3DS. Les explorations compl?mentaires r?alis?es ont mis en ?vidence plusieurs ordres de faits?: une h?mi-m?galenc?phalie et une hypertrophie amygdalienne gauches?; lors du bilan psychomoteur, des difficult?s de coordination, des probl?mes d'int?gration du sch?ma corporel, une immaturit?, et un retard de langage.
Commentaires
Le tableau clinique de cet enfant porteur d'une h?mihypertrophie partielle fait discuter d'un syndrome de Prot?e [1, 2]. La pr?sence d'un mosa?cisme g?n?tique dans les fibroblastes cutan?s mais pas dans les cellules du sang circulant oriente vers une mutation somatique. Cette anomalie va dans le sens de l'hypoth?se ?mise par Happle [3]?: l'anomalie g?n?tique serait l?tale pour le foetus si elle est pr?sente dans toutes les cellules, mais les cellules portant la mutation pourraient survivre si elles sont associ?es ? des cellules non mut?es. Le m?canisme d'apparition des l?sions cliniques pourrait faire intervenir un g?ne suppresseur de tumeur, comme le g?ne PTEN, r?cemment incrimin? dans certaines formes de syndrome Prot?e [4], mais les mutations sont alors situ?es sur le chromosome 10. Une observation fait mention d'un tableau clinique proche, avec anomalie d'un g?ne possiblement situ? entre les r?gions 1q11 et 1q25 [5]. Un suivi r?gulier de ce patient est n?cessaire pour d?pister d'?ventuelles tumeurs associ?es [6].
[1] Wiedemann HR et coll. Eur J Pediatr 1983?; 140?: 5-12.
[2] Biesecker LG et coll. Am J Med Genet 1999?; 84?: 389-95.
[3] Happle R. J Am Acad Dermatol 1987?; 16?: 899-906.
[4] Zhou XP et coll. Hum Mol Genet 2000?; 9?: 765-8.
[5] Say B et coll. Am J Med Genet 1988?; 31?: 987-9.
[6] Gordon P et coll. Am J Med Genet 1995?; 57?: 74-8.

