p134 - Dyspareunie et syndrome de Sj?gren
S?Sellier?(1), P?Courville?(2), P?Joly?(1)
(1)Service de Dermatologie, H?pital Charles Nicolle, Rouen
(2)Laboratoire d'Anatomo-Pathologie, H?pital Charles Nicolle, Rouen.
Mots cl?s : Syndrome de Sj?gren (dyspareunie). Dyspareunie (Sj?gren).
Introduction
La dyspareunie est un sympt?me dont la prise en charge et le traitement sont rendus difficiles par une m?connaissance fr?quente de l'?tiologie et des m?canismes physiopathologiques en cause. En l'absence de cause vulvo-vaginale ou pelvienne identifiable, un grand nombre de dyspareunies sont consid?r?es comme psychog?nes, malgr? la fr?quente absence de trouble psychique av?r?. Les buts de cette ?tude ont ?t?: 1. d'?valuer la fr?quence d'un syndrome sec (S. sec) parmi des patientes atteintes de dyspareunie chronique «?idiopathique?» (sans l?sion clinique vulvo-vaginale)?; 2. de d?terminer les caract?ristiques cliniques, immunologiques et ?volutives de ces patientes ayant une dyspareunie et un S. sec.
Patients et m?thodes
Etude r?trospective monocentrique ayant inclus des patientes adress?es en consultation par des dermatologues ou des gyn?cologues, pour une dyspareunie chronique «?idiopathique?» (sans dermatose, ni infection ni pathologie vulvo-vaginale ?vidente associ?e). Un examen gyn?cologique ?tait r?alis? apr?s un interrogatoire orient? sur les ant?c?dents gyn?cologiques, les plaintes vulvo-vaginales associ?es, et les signes fonctionnels ?vocateurs d'un S. sec. Les patientes ayant des arguments orientant vers un possible S. sec b?n?ficiaient d'une consultation ophtalmologique, d'un test au sucre, d'une biopsie des glandes salivaires accessoires (BGSA) et d'un bilan immunologique. Le diagnostic de S. de Sj?gren a ?t? admis lorsque l'examen histologique d'une BGSA montrait une sialad?nite de grade 3 selon la classification de Chilshom. Le diagnostic de S. sec sans S. Sj?gren a ?t? retenu lorsqu'il existait une x?rostomie ou une x?rophtalmie sans anomalie immunologique, ni aspect histologique ?vocateur de S. Sj?gren sur la BGSA.
R?sultats
Quinze patientes d'?ge moyen 34 ans (19-55 ans) ont ?t? incluses. Quatre patientes exprimaient des plaintes orientant vers une origine psychog?ne et onze autres pr?sentaient des sympt?mes compatibles avec un S. sec (x?rostomie, x?rophtalmie, sensation de s?cheresse vaginale ou de br?lures vaginales pendant et/ou apr?s les rapports). Apr?s un bilan compl?mentaire, huit patientes (53?%) avaient un S. sec clinique, objectiv? par un test au sucre allong? et/ou un test de Shirmer positif. Quatre de ces huit patientes avaient un S. Sj?gren, primitif chez trois d'entre elles et secondaire ? un lupus dans le quatri?me cas. Chez les quatre autres patientes, le diagnostic de S. sec sans S. Sj?gren a ?t? pos?. Les huit patientes pr?sentant un S. sec souffraient toutes de dyspareunie secondaire ?voluant depuis 6 mois ? 5 ans, ayant entra?n? un arr?t des rapports sexuels chez sept d'entre elles. Des signes fonctionnels buccaux ?taient pr?sents chez cinq patientes et un allongement du test au sucre ?tait objectiv? dans six cas. Cinq patientes avaient des plaintes fonctionnelles oculaires et sept avaient une x?rophtalmie au test de Shirmer. Une patiente ayant un S. Sj?gren certain (BGSA?: grade 4) ne pr?sentait aucun signe fonctionnel buccal ni oculaire. L'examen gyn?cologique retrouvait une s?cheresse vaginale chez deux patientes, et un aspect de vestibulite ?ryth?mateuse dans trois cas. Les examens immunologiques ont montr? des FAN positifs (1/300 ? 1/1?000) chez les quatre patientes ayant un S. Sj?gren et chez une patiente ayant un S. sec sans aspect de S. Sj?gren sur la BGSA. Une am?lioration franche de la dyspareunie, par l'utilisation d'?mollients, n'a pu ?tre obtenue que chez deux patientes. Cinq patientes ont ?t? trait?es par la pilocarpine. Ce traitement a ?t? jug? tr?s efficace dans deux cas, mod?r?ment efficace dans deux cas et arr?t? pour intol?rance chez une patiente.
Discussion
Cette ?tude montre une fr?quence ?lev?e de S. sec parmi les patientes consultant pour une dyspareunie chronique «?idiopathique?». Cette fr?quence, bien que vraisemblablement un peu surestim?e du fait d'un biais de recrutement, nous semble cependant importante dans une pathologie souvent consid?r?e comme psychog?ne. Un tiers des S. Sj?gren d?buteraient ainsi par une atteinte g?nitale initialement isol?e [1, 2]. Dans une ?tude portant sur sept patientes atteintes de S. Sj?gren, la dyspareunie ?tait apparue en moyenne 4 ans avant les sympt?mes buccaux et oculaires chez six des sept patientes [3]. Dans notre ?tude, les patientes exprimaient le plus souvent des sympt?mes assez flous en faveur d'un S. sec, qui n'avaient pas attir? l'attention jusqu'alors. Ainsi, il para?t utile de proposer syst?matiquement la recherche d'un S. sec chez les patientes ayant une dyspareunie sans ?tiologie cliniquement ?vidente.
[1] Capriello P et al. Clin Exp Obstet Gynecol 1988?; 15?: 9-12.
[2] Skopouli FN et al. Ann Rheum Dis 1994?; 53?: 569-73.
[3] Mulherin DM et al. Br J Obstet Gynaecol 1997?; 104?: 1019-23.

