p4 - Syndrome de Sweet r?cidivant suite ? une infection streptococcique
K?Sebban?(1), C?Chiaverini?(1), JP?Lacour?(1), JP?Ortonne?(1)
(1)Service de Dermatologie, H?pital l'Archet, Nice.
Mots cl?s : Syndrome de Sweet (streptocoque).
Introduction
Le syndrome de Sweet est une dermatose neutrophilique caract?ris?e par une infiltration brutale du derme superficiel par des polynucl?aires neutrophiles. D'?tiologie le plus souvent idiopathique, les formes para-n?oplasiques et para-inflammatoires repr?sentent pr?s de 25?% des cas?; les formes r?cidivantes plus d'un tiers des cas. Nous rapportons un cas original de syndrome de Sweet r?cidivant d'?tiologie streptococcique.
Cas clinique
Une patiente de 45 ans, sans ant?c?dent, ?tait adress?e pour une ?ruption cutan?e r?cidivante des membres et du tronc, compos?e de cocardes ?ryth?mato-violines ? bordure pseudo-v?siculeuse. Ces l?sions douloureuses ?taient apparues dans les suites d'une sinusite. Il n'y avait pas de fi?vre, d'arthralgies, ni troubles digestifs associ?s. La patiente relatait deux ?pisodes identiques survenus ? chaque fois dans les suites d'une angine avec conjonctivite purulente. Les pr?l?vements bact?riologiques avaient retrouv? dans un cas, un streptocoque A et l'?ruption avait rapidement c?d? sous antibioth?rapie. L'interrogatoire retrouvait deux autres ?pisodes r?cents d'angine, dont une authentifi?e ? streptocoque A, sans manifestation cutan?e associ?e. L'histologie confirmait le diagnostic de syndrome de Sweet. Le bilan biologique retrouvait un syndrome inflammatoire majeur (hyperleucocytose ? polynucl?aires neutrophiles 13,3 ? 109/l, une hyper alpha2 ? 14?%, VS ? 64/130 mm), une lymphoplasmocytose m?dullaire d'allure r?actionnelle sans cellule atypique sur le my?logramme. La radiographie thoracique, le scanner abdominal, les examens gyn?cologique, ORL et ophtalmologique ?taient normaux. La patiente a ?t? trait?e par indom?tacine pendant 1 semaine et Oracilline ? 3 millions d'unit?s pendant 4 mois, sans nouvelle r?cidive un mois apr?s arr?t du traitement. Parall?lement, le syndrome inflammatoire et le my?logramme se normalisaient.
Discussion
Le syndrome de Sweet est caract?ris?e par une ?ruption de placards ?ryth?mato-papuleux le plus souvent dans un contexte d'alt?ration de l'?tat g?n?ral et de fi?vre. Des prodromes rhino-pharyng?s, ophtalmiques, articulaires, ou abdominaux y sont parfois associ?s en dehors de tout contexte infectieux. L'?tiologie est le plus souvent idiopathique, mais une h?mopathie, une colite inflammatoire ou une infection doivent ?tre syst?matiquement recherch?es. Le caract?re r?cidivant de cette ?ruption est un ph?nom?ne connu sans qu'une cause ait pu ?tre identifi?e. Ainsi, Christensen [1] rapporte deux cas de syndrome de Sweet r?cidivants chez des patients pr?sentant un ?tat g?n?ral conserv? et une absence de syndrome inflammatoire biologique, et cite 5 autres cas?; Kemmett [2] dans une ?tude r?trospective de 29 cas, a relev? 9 cas de syndrome de Sweet r?cidivant idiopathique. Nous rapportons le premier cas de syndrome de Sweet r?cidivant secondaire ? une infection ? streptocoque A. La responsabilit? de ce germe est confirm?e par un tableau clinique d'infection ORL, la mise en ?vidence concomitante du germe sur deux pr?l?vements et la n?gativit? du reste du bilan ?tiologique. Une telle association a d?j? ?t? rapport?e [2]. De plus, il a ?t? d?montr? qu'une inoculation intradermique de streptocoque viridans d?clenchait l'apparition de l?sions typiques de Sweet au niveau du site d'injection. Les m?canismes physiopathologiques restent inexpliqu?s. Le r?le d'exotoxines bact?riennes poss?dant des propri?t?s de «?superantig?ne?» a ?t? propos?. Sur un terrain pr?-existant de dysr?gulation immunitaire, elles stimuleraient de fa?on intense et inappropri?e les lymphocytes T.
[1] Christensen OB et al. Chronic recurrent annular neutrophilic dermatosis. An entity?? Acta Derm Venereol (Stockh) 1989?; 69?: 415-8.
[2] Kemmett D et al. Sweet's syndrome?: a clinicopathologic review of twenty-nine cases. J Am Acad Dermatol 1990?; 23?: 503-7.

