c109 - Absence de lien entre l'urticaire chronique et les infections autochtones habituellement recherch?es en France
G?Noacco?(1), A?Mitschler?(1), A?Lieber?(1), E?Candolfi?(2), B?Cribier?(1)
(1)Clinique Dermatologique, H?pital Civil, Strasbourg
(2)Laboratoire de Parasitologie et Mycologie, Facult? de M?decine, Strasbourg.
Mots cl?s : Urticaire chronique (infections).
Introduction
Les maladies infectieuses sont consid?r?es comme une cause classique d'urticaire. S'il est admis que des maladies bact?riennes, parasitaires ou surtout virales puissent d?clencher une crise d'urticaire aigu?, une analyse critique de la litt?rature a montr? r?cemment qu'il n'y avait quasiment aucune donn?e objective convaincante en faveur du r?le causal des maladies infectieuses dans l'urticaire chronique [1]. Les quatre germes, les plus souvent incrimin?s dans les r?gions septentrionales au cours des derni?res ann?es, sont le virus de l'h?patite C, celui de l'h?patite B, Helicobacter pylori et Toxocara canis.
Malades et m?thodes
Le but ?tait d'analyser la pr?valence des marqueurs de ces quatre infections chez des patients atteints d'urticaire chronique et de comparer leur taux ? ceux de la population g?n?rale de notre r?gion. Il s'agissait d'une ?tude r?trospective portant sur tous les malades cons?cutifs hospitalis?s entre 1995 et 2002 et atteints d'urticaire d'une dur?e de plus de 6 semaines. Les cas de dermographisme urticarien, les autres urticaires physiques et les urticaires li?es ? une allergie alimentaire ou m?dicamenteuse ont ?t? exclus.
Les marqueurs ?tudi?s ?taient?: l'antig?ne Hbs (ELISA), les anticorps anti-VHC (ELISA), les anticorps anti-Helicobacter pylori (ELISA) et les anticorps anti-Toxocara canis (ELISA, Immunofluorescence, Western-blot).
R?sultats
Le total des malades, souffrant d'urticaire chronique sans cause trouv?e, ?tait de 376, soit 212 femmes et 164 hommes. Leur ?ge allait de 4 ? 86 ans et la moyenne ?tait de 40 ans. Sur 355 recherches d'antig?ne Hbs, seules 2 ?taient positives (0,56?%). Sur 371 tests de d?pistage de l'h?patite C, 1 seul ?tait positif (0,27?%). Sur 180 s?rodiagnostics d'Helicobacter pylori effectu?s, 64 ?taient positifs (35,5?%). Enfin, sur 175 s?rodiagnostics de la toxocarose, 12 ?taient positifs (6,85?%). Toutefois, aucun de ces derniers malades n'avait d'hypereosinophilie sanguine. Dans notre r?gion, la pr?valence est estim?e entre 0,5 et 1,5?% pour l'h?patite B, entre 0,5 et 1?% pour l'h?patite C, entre 28,1 et 38,7?% pour Helicobacter pylori et ? environ 5,1?% pour la toxocarose dans la population g?n?rale.
Commentaires
Il s'agit du plus grand groupe de patients explor?s actuellement publi?. Les chiffres montrent une pr?valence de marqueurs infectieux extr?mement faible et dans tous les cas toujours comparable, ou m?me inf?rieure, ? celle de la population g?n?rale de notre r?gion. La pr?valence tr?s faible des marqueurs des h?patites B et C est tout ? fait similaire aux conclusions n?gatives d'une ?tude ouverte sur l'h?patite B [2] et d'une ?tude prospective cas-t?moin sur les h?patites C et G [3]. De plus, rien dans la chronologie de ces infections ne permet de suspecter un lien avec une urticaire chronique idiopathique. Depuis cette ?tude, nous avons interrompu le d?pistage syst?matique dans le «?bilan?» de l'urticaire chronique idiopathique, ce qu'a confirm? la conf?rence de consensus [4]. Les bilans syst?matiques constituant une charge financi?re notoire en milieu hospitalier, ces recommandations apparaissent particuli?rement importantes.
[1] Cribier B, Noacco G. Urticaire chronique et infections. Ann Dermatol Venereol 2003 (sous presse).
[2] Doutre MS, Beylot C, Beylot J, Bioulac P. Marqueurs du virus B chez les sujets ayant une urticaire chronique. 100 observations. Presse Med 1987?; 16?: 1009-10.
[3] Cribier BJ, Santinelli F, Schmitt C, Stoll-Keller F, Grosshans E. Chronic urticaria is not significantly associated with hepatitis C or hepatitis G infection. A case-control study. Arch Dermatol 1999?; 135?: 1335-9.
[4] Conf?rence de consensus. Prise en charge de l'urticaire chronique. Texte de recommandations. Ann Dermatol Venereol 2003?; 130?: 233-40.
