c80 - Etude du profil psychosocial des patients atteints d'ulc?res veineux chroniques des membres inf?rieurs
J?De Quatrebarbes?(1), C?Lok?(2), V?Viseux?(3), C?Debure?(4), P?Senet?(5), A?Pontvianne?(6), P?Carvalho?(1), P?Plantin?(3), P?Joly?(1)
(1)Service de Dermatologie, CHU de Rouen
(2)Service de Dermatologie, CHRU, H?pital Sud, Amiens
(3)Service de Dermatologie, CHU de Quimper
(4)Service de Dermatologie, CHU Broussais, Paris
(5)Service de Dermatologie, CHG d'Ivry
(6)Editions de Psychologie Appliqu?e, rue de la plaine, Paris.
Mots cl?s : Ulc?res (profil psycho-social).
Introduction
Les ulc?res de jambe d'origine veineuse repr?sentent un recrutement important des services de Dermatologie. Ils sont ? l'origine d'une morbidit? et d'un co?t socio-?conomique importants [1, 2]. Il existe tr?s peu de donn?es dans la litt?rature sur les facteurs psycho-sociaux pouvant intervenir dans leur survenue et surtout dans leur chronicisation. Une ?tude pr?liminaire que nous avons r?alis?e chez 10 patients examin?s par un psychologue a montr? que plusieurs de ces patients avaient un profil psycho-social particulier caract?ris? par un faible niveau socio-?conomique, une surcharge pond?rale fr?quente, une mauvaise hygi?ne corporelle et alimentaire et un fr?quent d?sinvestissement corporel. Le but de la pr?sente ?tude a ?t? de pr?ciser ces facteurs, en utilisant des tests psychologiques standardis?s.
Patients et m?thodes
Il s'agissait d'une ?tude prospective r?alis?e dans 5 services de Dermatologie. Les crit?res d'inclusion ?taient?: 1) patients ?g?s de plus de 50 ans, 2) ulc?re de jambe d'origine veineuse de plus de 1 cm2, 3) ?voluant depuis plus d'un an, 4) accord pour r?pondre ? des questionnaires ?tudiant le profil psycho-social, au cours d'un entretien men? par un m?decin. Sept tests ?taient effectu?s?: 1) ?valuation du degr? d'autonomie des patients par l'ADL (Activity of Daily Living) ?tablissant un score d'autonomie sur 6 points?; 2) recherche de signes de d?t?rioration intellectuelle par le MMS (Minimal Mental Status) ?tablissant un score sur 30 points?; 3) estimation du niveau socio-?conomique par une ?chelle adapt?e?; 4) ?valuation de l'estime de soi par l'inventaire de Coopersmith?; 5) ?valuation du profil de personnalit? par le Mini-Mult de Kincannon?; 6) mesure de la capacit? inductive des patients «?QI?» par les progressives Matrices couleur de Raven et 7) d?pistage et mesure d'un ?ventuel syndrome d?pressif par le questionnaire de Beck abr?g? (BDI-II).
R?sultats
41 patients (7 hommes, 34 femmes) d'?ge moyen 75 ans, ont ?t? inclus. L'?tude du MMS retrouvait un score moyen de 27 ? 5 sur 30 et le score moyen d'autonomie de ces patients ?tait de 5 ? 1,3 sur 6. L'estimation du QI retrouvait un score moyen de 22 ? 8 sur 36 (pour un score moyen de 20 pour une population en bonne sant? d'?ge comparable). La m?diane de revenu de la population ?tait de 1?143 euros par mois. Ce revenu ?tait inf?rieur ? 762 euros chez 36?% des patients. Seuls 3 patients avaient leur baccalaur?at. Le test de Coopersmith montrait que 66?% des patients avaient une estime de soi abaiss?e. Trente pour cent des patients avaient des signes de d?pression mod?r?e ? s?v?re. L'?tude du profil de personnalit? retrouvait chez 25?% des patients une personnalit? de type immature, avec troubles relationnels importants et fr?quente mise en avant des probl?mes de sant?.
Commentaires
Cette ?tude r?alis?e sur une population majoritairement f?minine, autonome, ne pr?sentant pas de syndrome d?mentiel et ayant une capacit? inductive normale pour l'?ge montre que?: 1) ces patients avaient un faible niveau d'?tudes et un faible niveau socio-?conomique?; 2) deux tiers des patients ont une baisse de l'estime de soi?; (l'estime de soi est un ph?nom?ne constitutif de la personnalit? et est en principe ind?pendante d'une ?ventuelle d?pression associ?e). Un ?tat d?pressif ?tait d'ailleurs retrouv? chez 30?% des malades?; 3) L'?tude de personnalit? montrait principalement une immaturit? importante associ?e ? des troubles relationnels avec tendance ? mettre en avant leurs probl?mes de sant?.
Conclusion
Cette ?tude montre qu'un grand nombre de patients atteints d'ulc?res chroniques de jambe d'origine veineuse ont des caract?ristiques psycho-sociales tr?s particuli?res. Il est vraisemblable que certain de ces facteurs puissent intervenir dans leur chronicisation, notamment par le biais de difficult?s d'acc?s aux soins, d'?ventuels b?n?fices secondaires et surtout d'une baisse de la compliance aux traitements notamment la contention ?lastique. Ces facteurs psycho-sociaux devraient probablement ?tre pris en compte pour un suivi optimal de ces patients.
[1] Franks PJ, Doherty DC, Moffat CJ et al. International Angiology. June 2001.
[2] Phillips TJ, Machado F, Trout R et al. J Am Acad Dermatol 2000?; 43?: 27-30.
